chantier épistolaire
Centre d'Etudes Transdisciplinaire Sociologie, Anthropologie, Histoire Paris, le 9/01/06 Cher Michel Jeannès, J'ai plutôt un souvenir d'absence de boutons. Quand j'étais gamin, que je vivais avec mon père, ma mère étant morte, mes boutons de braguette sautaient et n'étaient pas recousus et j'étais gêné avec cette braguette béante surtout quand je bandais. Cordialement, Edgar Morin
Lyon, le 10 novembre 2006, Cher Professeur Morin, Merci pour ce témoignage si plein d’humanité. Ce mot s’inscrit dans un « chantier épistolaire » par lequel je restitue au participant copie de leur témoignage, assorti d’un commentaire. L’intention est de réinscrire le don précieux de chacun dans la durée et l’ébauche d’une trame dialoguée. Votre texte concentre dans une fulgurance l’ensemble de la pensée que vous développez: de la béance ouverte sur la mort, l’absence et le deuil, naît un élan de vit qui transforme la « braguette béante » en géante bandaison. Eros a ses raisons, qui se risque et s’hérisse sur arrière-fond de Thanatos. La « gêne » de l’adolescent en boutons témoigne de la genèse d’une pensée des plus fécondes du siècle. Merci pour tout ce que vous semez. Bien cordialement. Michel Jeannès