« Maman je pars de lenglettere ce soir » Anis 30/04/09 16:40 Anis (15 ans) est parti en voyage en Angleterre. Ses parents l’ont équipé d’un portable et il envoie de brefs messages pour les rassurer. Avant de prendre le chemin du retour, il adresse à sa mère ce SMS: « Maman je pars de lenglettere ce soir » De prime abord choquée par l’orthographe fantaisiste, la mère comprend dans l’après-coup que le E initial provient du mot « England »., ce que confirme le coquillologue. Qui plus est, à l’heure de quitter la terre des angles celle de doulce France, il y a une logique grammapodique à écrire le début du mot dans la langue in situ. Ce e d’engleterre obstinément Englich est un pied de mot redoublant l’endroit où le scripteur a les pieds. Sur terre semble-t-il et conscient de celle qui le porte. Concernant le script de la deuxième partie du mot — terre —en français, il obéit à la logique de l’allant vers : je quitte l’engleterre e n allant vers la France. Le mot « engleterre » est à lui tout seul un channel, un tunnel ou un pont pour la pensée entre cette terre insulaire et le retour vers la mère dont il n’est jamais si facile de se départir à cet âge où autonomie-dépendance font couple. La retraversée de la Manche est retrouvaille de Maman, lien primordial et prototype de la mère-patrie. Cette ambivalence de la situation se retrouve aussi dans l’inversion du double r et du t de terre, remplacés, du fait d’un stress, par un r et un bégayement du t, telle la vigie apercevant la ttere, l’alter terre d’où l’on vient et où l’on retourne. Marquer le pas, le sien en propre, laisse en creux dans le mot l’empreinte d’une ttergiversation, une rarefaction de l’r (air) et une inversion qui signifie le retour. Michel Jeannès 1er mai 2009 Je confie ce texte entre les langues à un espace intermédiaire, à l'intersection du site de la Mercerie et de Notes-Bulletin de Catherine Jackson